Au début du monde étaient les annuaires…

Bon, imaginons que le monde soit né en France en 1998. Enfin, internet du moins. 
 
En 1998, internet était le truc qui montait fort, on entendait à l’époque « internet bouffe tout », mais qu’était réellement le référencement internet à cette époque et en France ?

La France avait 5 années de retard sur les États-Unis où la plupart des universités avaient un site web depuis 1993-1994… souvent dans les discussions s’affrontaient les avis entre ceux qui pensaient que c’était une vaste boutade et ceux qui y voyaient l’avenir de l’information et du commerce.

L’état des lieux en 1998

Peu d’entreprises avaient un site internet, les sites marchands n’existaient pratiquement pas, les connexions étaient si lentes, avec un pataud 56 600 bauds (pour ceux qui ne savent pas, c’est en gros 8 fois moins qu’une connexion Edge). Faire un page dépassant 20 ko était reconnu comme un « crime »… L’ADSL n’était pas encore né non plus…

Google n’était pas encore créé, il y avait peu d’internautes en France et malgré la lenteur des débits internet, on pouvait visiter l’intégralité du web mondial en quelques jours, au pire quelques semaines vers la fin de 1998… ça laisse rêveur quand on y pense aujourd’hui. La pauvreté de ce qui pouvait être fait à cette époque en techniques HTML obligeait les sites à ne mettre en ligne que du texte, les images se réduisant souvent aux seuls logos de l’éditeur du site. PHP et ASP (beurk) étaient à leurs débuts, tout ce qui était dynamique était fait en Perl (CGI).

À cette époque pour faire connaître un site web, il existait deux solutions : les annuaires ou les moteurs de recherche (le moteur de recherche dominant était AltaVista et l’annuaire dominant était Yahoo).

Pour avoir du trafic à cette époque, nul besoin de faire de l’optimisation à fond de son site web, quelques mots-clés dans la balise keywords suffisaient la plupart du temps, avec une bonne TITLE et ça roulait !

Le terme référenceur faisait pourtant sens, même si le métier n’existait pas encore vraiment, des personnes référençaient leur propre site selon les « fondamentaux » de l’époque.

Qu’est-ce que voulait dire à cette époque « référencer » un site ?

Cela va faire exploser de rire les SEO de maintenant :
– pour les moteurs de recherche (très nombreux), il suffisait de soumettre l’URL de son site dans un simple champ.
– pour les annuaires, qui ont été longtemps la plus grande source de trafic, il fallait essayer de convaincre les éditeurs qui s’en occupaient que l’on avait un site intéressant et original à leur proposer (cela ne vous rappelle rien ?).

La soumission d’un site aux annuaires dans ces années-là : les éditeurs des annuaires étaient en nombre restreint et avaient la lourde tâche de vérifier chaque site web proposé, et en plus, assez souvent, c’était eux et non pas le propriétaire du site qui rédigeait la description (le plus souvent, moins de 255 caractères).

À l’évidence, la vitesse à laquelle le web se développait allait un jour poser un grave problème de ressources humaines aux annuaires.

Mais les annuaires avaient deux avantages énormes sur les moteurs de recherche (dont il faut bien avouer que les résultats étaient peu fiables) :
– les annuaires sélectionnaient vraiment les sites web, on avait ainsi un filtre humain sur la qualité des sites.
– les méthodes de classement par catégorie étaient très bien adaptées au web. Je me rappelle que j’avais fait le référencement de notre premier site (développement multimédia), il m’a fallu 3 années pour être présent dans tout ce qui existait sur la planète comme annuaire… travail long et fastidieux.

Personne ne parlait à cette époque de Netlinking. Ceci est normal, car les annuaires étaient recherchés parce qu’ils apportaient du trafic, bien plus que les moteurs. Personne ne cherchait à être dans les annuaires parce que cela allait leur permettre d’améliorer leur classement dans les moteurs… les moteurs étaient les ennemis des annuaires et vice-et-versa.

Petit clein d’œil à Olivier Andrieu qui a démarré Abondance à la fin de cette année 1998…

Annuaires vs moteurs de recherche, le combat à mort

Rappelez-vous l’équation de l’époque : les moteurs ne sont pas pertinents, mais demandent peu de ressources humaines, c’est le contraire pour les annuaires.

Cela devait forcément poser un problème un jour quand le web deviendrait trop gros, les annuaires ne pourraient plus suivre, même en faisant payer les inscriptions.

La naissance de Google : récupérons le boulot des annuaires

C’est là qu’un moteur est arrivé avec une idée géniale : pourquoi ne pas faire un moteur qui intègrerait le travail des éditeurs d’annuaires pour améliorer la pertinence de ses résultats ?

En outre, il y avait aussi nombre de livres d’or sur internet et les liens existaient naturellement ; ces liens n’avaient pas été faits pour manipuler les SERP, mais Google s’en est servi pour construire son premier index et « fabriquer » la pertinence de ses SERP !

Le monde à l’envers : le NetLinking

Oui, aujourd’hui, si c’est vous qui faites un lien dans un annuaire, on parle de manipulation de l’algorithme, mais quand Google se servait dans le boulot des éditeurs d’annuaires, Google trouvait cela normal.

Il faut bien reconnaître que c’est bien Google qui est allé chercher les liens dans les annuaires pour faire ses propres classements de site… et que sans les annuaires, et le travail de leurs éditeurs, Google n’aurait jamais été pertinent.

Pour ceux qui en douteraient, Google s’en sert toujours, même si’il tient sans doute compte quelque part de la qualité de la modération.

Soyons fiers de notre travail pour référencer les sites dont nous nous occupons, faisons le job proprement, naturellement.

Continuons d’aider Google à donner des résultats pertinents en travaillant intelligemment le NetLinking (là, j’abuse 😉

Mots-clefs : , ,

Commentaires (8)

  • Avatar

    Yann@Promoteur

    |

    Hello Christian,

    C’est bien de rétablir une certaine verité : au départ, Google utilisait les annuaires, et c’est bien ce qui a causé leur perte ! Un DMOZ ne serait pas devenu ce qu’il est aujoud’hui, si les référenceurs n’avaient pas vu l’intérêt d’u faire figurer leur site à tout prix !

    Et sinon, cet article, c’est pas un peu de teasing ? Il me semblait que tu avais parlé dans des comemntaires d’un NDD de 98 qui deviendrait annuaire…

    Reply

    • Avatar

      Christian Méline

      |

      Salut Yann,
      Un teasing ? Je n’y avais pas pensé, mais en effet cela aurait pu être le cas, mais pas là.
      Association de pensées sans doute par contre.
      Mais on obtient de belles choses en netlinking avec les annuaires et je voulais leur rendre justice les utilisant depuis des lustres.

      Reply

  • Avatar

    Bruno@Création Sites Web Ardennes

    |

    Bonjour,

    En effet, sans les annuaires le web ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui et Google non plus.
    Il est vrai qu’il est important de remettre de temps en temps les choses à leur place.
    Je nuancerai tout-de-même en disant que les soumissions aux annuaires de ce jour n’ont plus rien à voir avec celle de 1998. Il faut de plus en plus travailler ses textes et être original.
    Enfin, il faut surtout faire attention au duplicate content, ce qui n’était pas le cas en 1998.

    Reply

    • Avatar

      Christian Méline

      |

      Bonjour Bruno,
      Pour la longueur des publications, c’est l’objet du billet suivant. Je suis aussi très attaché à une longueur digne de ce nom à chaque fois que l’on peut.
      Pour le duplicate content, je suis en train de rédiger un billet là dessus sur le blog d’Human Easy Spinner… j’ai pas mal de choses à dire sur ce sujet 😉

      Reply

  • Avatar

    Bruno@Tutoriels blogging

    |

    Bonjour Christian,

    Voici de la lecture en perspective alors!
    Pour en revenir à la longueur, je préfère privilégier peu d’inscriptions de qualité dans des annuaires de qualité que de réaliser les inscriptions par centaines pour chaque site comme beaucoup le font.
    Je ne suis personnellement pas obnubilé par les inscriptions dans les annuaires, j’ai même plusieurs sites qui ne figurent dans aucun annuaire et ça ne les empêche pas pour autant de figurer en bonne position sur leurs principaux mots-clés.
    Mais pour être honnête, il s’agit surtout de sites ultra-nichés et pour lesquels on se heurte trop facilement au problème du duplicate content pour pouvoir les inscrire dans les annuaires dignes de ce nom.

    Reply

    • Avatar

      Christian Méline

      |

      Il existe des niches effectivement où on peut ne pas en faire, mais cela devient rare tant il faut de liens aujourd’hui pour faire monter un site…
      Curieusement, aux USA, c’est ultra-utilisé, cependant qu’en France, on a du mal à accepter qu’ils soient bien utiles.

      Reply

  • Avatar

    ositovu

    |

    Tout a basculé sur le contenu depuis les changements d’algorithme ces dernières années. Il faut donc privilégier plus que jamais le contenu. Les annuaires l’ont bien compris en proposant des consignes plus délicates (descriptif de 1000 caractères …). Au final, le rapport temps / retour sur SEO est insuffisant.

    Reply

    • Avatar

      Christian Méline

      |

      C’est moins valable pour ceux qui se référençaient en mode bourrin.
      Mais pour les autres, le référencement est devenu un vrai bonheur.

      Reply

Laisser un commentaire